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Yarou Dia

Suivez mes aventures d'étudiante sage-femme française en immersion dans une maternité sénégalaise.

Premier accouchement sénégalais

Jeudi 28 janvier,

Ma première garde de jour. Je commence à 8h, la journée se passe très bien. On reçoit avec la sage-femme (SF) de garde les patientes qui viennent pour leur suivi post natal (une semaine après l'accouchement, c'est le moment où on les examine ainsi que leur bébé), on accueille les femmes qui viennent pour le planification familiale (ici on appelle le suivi gynécologique, la "planification familiale", en gros elles sont là pour avoir un moyen de contraception), on reçoit également les femmes pour leur consultation pré-natale, on fait des test de grossesses, des examen clinique pour diagnostiquer des grossesses précoces (mes cours d'obstétrique avec le fameux "signe de Noble" et "signe de Hegar" prennent tout leur sens dans ces situations xD).

- 17h30 une primipare (patiente n'ayant jamais accouchée) de 23 ans consulte pour douleur abdominale qu'on diagnostique comme étant des contractions utérines. A l'examen du col ce dernier est dilaté à 7cm !

- 30 minutes plus tard (soit 18h) les douleurs s'intensifient, je ré-examine la patiente qui est à 9cm de dilatation. Le travail avançait très bien, le liquide amniotique du bébé était clair comme de l'eau (un bon signe) et la tête était tournée dans le bon sens (le bébé regardait en bas). J'essaie de soulager les douleurs de la patiente comme je peux (évidemment il n'y a pas d'anesthésiste ni de péridurale proposée dans le centre de santé !). Je me lance dans un massage au niveau des reins de la patiente pour la soulagée, je lui tiens la main, on respire ensemble, je l'accompagne comme je peux (sous le regard surpris de la sage-femme lol. Elles font rarement (pour ne pas dire jamais) d'accompagnement des parturientes douloureuses).

Le rythme cardiaque est surveillée par l'utilisation du stéthoscope de Pinard (il n'y a pas de monitoring dans le centre de santé). Cela me permet d'apprendre à l'utiliser et nécessite beaucoup de concentration pour pouvoir entendre le rythme du bébé et l'interpréter.

- A 18h15 elle est à dilatation complète et l'enfant descend très bien dans le bassin de sa mère. Cette dernière ressent le besoin de pousser, on décide alors avec la sage-femme de s'installer pour l'accouchement.

15 minutes d'effort expulsif et une épisiotomie à vif plus tard (acte qui consiste à sectionner une partie du périnée pour aider à la naissance de l'enfant) né un garçon vivant et bien portant.

Voilà le récit de mon premier accouchement sénégalais. C'était un peu musclé étant donné qu'il n'y a pas de pédiatre sur place donc les SF sont très directives pour que les choses aillent le plus vite possible pour éviter toute souffrance foetale.

La seule chose que je déplore c'est qu'il n'y a pas d'examen macroscopique du placenta une fois qu'il est délivré et la SF fait des révisions utérines de façon systématique. La révision utérine consiste à mettre la main dans l'utérus pour "récupérer" les morceaux de placenta qui aurait pu rester à l'intérieur. (Si jamais il reste des morceaux la femme risque de faire une hémorragie). Je pense qu'un examen du placenta aurait permis de nous orienter sur la nécessité de ce geste invasif et douloureux, notamment chez une patiente primipare, jeune et sans péridurale ! Ajoutant également que la SF l'engueulait quand elle "osé" se plaindre de douleur ou crier... =/

Sur les photos: le set d'accouchement avec les ciseaux, les pinces, le syntocinon (qui permet au placenta de se décoller et d'être expulsé plus facilement). Je n'ai pas pris en photo mais la patiente a eu une perfusion de syntocinon, une injection de xylocaïne (anesthésiant local) avant la suture.

Premier accouchement sénégalais
Premier accouchement sénégalais
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